L'emploi médical intérimaire représenterait 500 millions d'euros de surcoût pour les établissements et concernerait 6 000 médecins.
Dans un rapport d'une trentaine de pages réalisé pour le groupe socialiste de l'Assemblée nationale, le député Olivier Véran (PS, Isère) dresse un constat accablant de l'emploi médical temporaire à l'hôpital public.
Un praticien hospitalier gagne environ 260 euros nets par jour travaillé et 600 euros pour une garde de 24 heures, contre 650 euros nets pour une journée en mission temporaire et 1 300 euros pour une garde de 24 heures en mission temporaire, signale Olivier Véran.
« Pénibilité », « tensions démographiques » et « fort différentiel de rémunération public/privé » sont les trois maux qui frappent en premier les services d’anesthésie (ou seul un poste de titulaire sur trois est pourvu), la radiologie et la médecine d'urgence. Le député formule 14 recommandations organisées autour de quatre axes, dont trois visent à réduire le recours à l'emploi médical temporaire à l'hôpital : développer les stages hors CHU, constituer une bourse à l'emploi, créer une prime de coopération hospitalière de territoire, développer la coopération médicale entre établissements,…
Des situations abusives
Le dernier axe a pour objectif de réduire à court terme les abus constatés dans ce secteur. Olivier Véran propose que, pour un médecin très expérimenté, la rémunération n'excède pas celle d'un praticien hospitalier au dernier échelon, majorée de 21%. Le député fait état de la multiplication de situations abusives, notamment pour "sédentariser" un médecin temporaire.
Ainsi, par exemple, certains directeurs reconduisent des contrats de courte durée très bien payés, mois après mois, améliorent les salaires au moyen de gardes surnuméraires, c'est-à-dire non justifiées. Parfois, c'est le tableau de service qui est aménagé pour rémunérer un temps partiel sur une grille de temps plein. Autre pratique courante, celle de médecins qui cumulent un temps plein salarié à l'hôpital avec des missions courtes dans un autre établissement.
Le député évoque la question du coût mais également la question de la qualité et de la sécurité des soins. Il fait remarquer que les missions temporaires ne favorisent pas l'implication dans le projet médical d'établissement, ni la connaissance des procédures, la maîtrise des logiciels informatiques ou le suivi au long cours des malades.
Rédaction Actusoins avec AP